RÉSUMÉ DE L’ÉPISODE
Dans cet épisode, une partie de l'équipe de REC voyage jusqu'à Linz, en Autriche, pour couvrir l'exposition "Imprints" qui se tient dans les sous-sols de Postcity, au sein de la section Gardens du Festival Ars Electronica 2023 sur le thème "Who owns the truth?".
L'exposition met en avant des installations, des œuvres audiovisuelles, des performances et des expériences en réalité virtuelle créées par 19 membres du réseau Hexagram, parmi lesquels des étudiants et des co-chercheurs.
Tout au long de l'épisode, on accompagne Marc-André Cossette dans sa descente au bunker de Postcity pour discuter avec les artistes présents ainsi qu'avec Max Boutin, assistant-directeur technique et responsable curatoriale de l'exposition. De conversation en conversation, on aura également l'occasion d'écouter des œuvres et de s'immerger dans l'atmosphère effervescente du festival.
Image: Empreintes sonores - Victor Drouin-Trempe (CA) & Jean-Philippe Côté (CA). Crédit photo: Paloma Leyton
ENTRETIENS
Marie-Eve Morissette, ON/CONTACT
L'installation “ON/CONTACT” prend la forme d'une colonne haptique et interactive, enveloppée d'une fausse fourrure blanche très douce. Invitant les passants à l'étreinte, elle dévoile, au contact, un paysage sonore et une série de réactions tactiles vibratoires. L'interactivité de la pièce est conçue comme une rencontre entre l’humain et l’objet plutôt qu'une sorte de contrôle du spectateur sur l'œuvre, permettant au contact physique d'engendrer des sons et des sensations agréables. La fourrure de la colonne conserve les traces et la mémoire tactile des étreintes, réfléchissant sur le contact humain et la perception haptique (c'est-à-dire, tactilo-kinesthésique). Le projet trouve ses origines pendant les années de pandémie, marquées par la privation de contact physique et la connexion à travers l'interface des écrans. “ON/CONTACT” met en lumière l’importance de la proximité physique.
Brice Ammar-Khodja, Symphony of the stones
L'installation interroge la contamination des sols dans les contextes urbains post-industriels de Montréal et d'Arménie. La version du projet présentée à Ars Electronica agit comme une archive des performances passées de Brice, explorant ces terrains avec sa "Heavy Metal Sensing Machine" pour extraire des matériaux des sols. Dans l'espace, des tubes renfermant des métaux contaminés sont disposés en cercle autour d'un écran TV au sol, diffusant des vidéos en plongée des sites d'extraction des métaux capturées par des drones. Chaque tube, équipé d'un moteur et de lumières DEL, réagit au montage de la vidéo, évoquant la Symphonie du Nouveau Monde. Le son de cette réaction est capté, amplifié, et répond aux images des sols contaminés, qu'ils se trouvent dans des paysages post-soviétiques en Arménie ou capitalistes occidentaux à Montréal, à la fois délaissés et ouverts au public.
Nora Gibson, The Dream
L'œuvre “The Dream” se compose d'un lecteur d'ondes cérébrales, d'une série d'écrans transparents suspendus dans l'espace, où une projection est diffusée, et d'un haut-parleur émettant du son. La perception de la pièce nécessite la présence d'un spectateur portant un capteur physiologique qui mesure l'activité électrique dans son cerveau, connecté avec le reste de l’installation. Ce dispositif anime un système de particules projeté sur des écrans en tulle, réagissant à l'activité cérébrale de la personne avec de la couleur et du mouvement. L'idée est de simplement être et de vivre le moment présent, car la contemplation de l'œuvre génère un boucle de rétroaction avec soi-même. Conçue comme une expérience méditative et apaisante, l'œuvre aspire à devenir une extension visuelle et sonore de l'esprit et du corps dans l'espace.
Max Boutin, sur la gestion technique et le commissariat de “Imprints”
Max Boutin nous guide à travers le processus de sélection d'artistes du réseau Hexagram, principalement des membres étudiants, opéré selon une “cohérence de cohabitation”. L’ensemble des œuvres offre un aperçu diversifié mais cohérent des activités du réseau, dans des formats variés tels que l'installation, la vidéo et la performance.
Bien que le thème 'Who owns the truth?' (titre de l'édition 2023 du festival Ars Electronica) ne soit pas directement adressé, certaines œuvres, notamment "Empreintes Sonores" de Victor Drouin-Tempe et Philippe Côté, reflètent cette thématique. Selon Max, le commissariat de l'exposition a évolué naturellement, 'Imprints' correspondant à plusieurs projets explorant la question de l'empreinte : ce que nous laissons derrière nous, la façon dont le monde nous marque, l'impression en tant que perception et ressenti.
Concernant la scénographie de l’exposition, Max explique l'intention de mettre en valeur la matérialité des arts numériques, souvent dissimulée au profit d'une illusion d'immatérialité. Les câbles et les écrans occupent une place très importante dans l'exposition, connectant chaque projet à un espace central (hub) dans la salle. Ce hub, une petite scène où ont lieu les performances de Guillaume Pascale, représente également le positionnement du réseau Hexagram pour la recherche-création : une plateforme commune rassemblant les circuits qui alimentent chaque projet.
Jason Pomrenski, sur les défis de l’installation de “Imprints”
Jason Pomrenski, directeur technique du réseau Hexagram, participe à une discussion sur les résultats obtenus et le processus d'installation. Ce dialogue offre un éclairage sur les aspects techniques et logistiques de la réalisation de l'exposition, depuis les défis techniques posés par le lieu (un bunker en béton à Postcity) jusqu'aux enjeux liés à l'expédition des œuvres. Il partage également son point de vue en considérant la dernière fois où Hexagram avait exposé à Ars Electronica, en 2018.
Guillaume Pascale, The Transhumants 2; Space Junkies & Partitions Itératives
Guillaume Pascale nous explique les deux projets exposés dans lesquels il collabore (“The Transhumants 2” et “Space Junkies”), ainsi que sa série de 3 performances “Partitions Itératives” dans le cadre de l’exposition “Imprints”.
L’installation "The Transhumants 2" (par Guillaume Pascale et Jean Dubois) présente une série de dispositifs-écran dans l'espace d'exposition, dont les images suivent une communauté nomade dans le désert de Californie. La vidéo, capturée avec une lentille de télescope, crée un effet où le premier plan est flou tandis que l'arrière-plan est net, symbolisant l’incertitude du présent vis-à-vis une projection claire du futur. La question de l'aliénation du paysage se manifeste à travers l'ambiguïté du désert, qui ressemble à une topologie martienne.
La vidéo “Space Junkies" (Alice Jarry, Marie-Pier Boucher et Guillaume Pascale) trouve son origine dans une visite à un grand congrès spatial à Paris. Les artistes ont collecté divers objets promotionnels du congrès (des goodies qui deviennent des déchets de production rapide), promouvant des discours d'alerte sur la pollution orbitale terrestre. Le montage vidéo utilise ces objets promotionnels en lien avec des archives sur les débris spatiaux pour rendre évidente cette contradiction.
"Partitions Itératives" est une série de performances sonores réalisées par Guillaume et composées avec des données provenant d'autres œuvres de l'exposition (dont "Space Junkies", “Transatlantic visions” et “Symphony of the stones”).
Après la discussion, nous écoutons une performance en direct de "Partitions Itératives", où Guillaume manipule en direct les données de l'œuvre "Visions Transatlantiques" de Juliette Lusven, pour créer une œuvre sonore inédite.
Timothy Thomasson, Slow Track
"Slow Track" est une vidéo d'environ 40 minutes, où une caméra recule très lentement à travers une série d'environnements vides et hyperréalistes créés en 3D. L'œuvre fusionne les conventions du slow cinema avec les possibilités offertes par la création numérique 3D, dont les orientations spatiales seraient impossibles à réaliser avec une caméra réelle. Le son diégétique des ambiances simule le suivi de la caméra à travers une bande sonore qui déjoue les attentes en fonction de l'environnement.
La vidéo, captivante et envoûtante, repose sur la construction d'une tension entre ce que l'on pourrait considérer comme banal (la lenteur, les espaces vides) et les attentes associées aux images générées par ordinateur (réalisme photographique, spectacularité).
Mathieu Deblois & Philippe Racz, The architecture of memories
"The Architecture of Memories" se décline en deux volets, une vidéo et une expérience de réalité virtuelle.
Initié comme projet de recherche-création, l'œuvre a évolué au fil des années grâce à la collaboration entre Deblois et Racz, s'appuyant sur des fragments de souvenirs collectés par divers processus de numérisation 3D, notamment la photogrammétrie. Les volumes 3D générés à partir de ces fragments sont assemblés dans une trame narrative guidée par les variations rythmiques du son et la "forme" des souvenirs, donnant naissance à la version vidéo projetée dans l'espace d'exposition. Enrichie de certains éléments visuels, la vidéo crée un film à effet immersif.
L'œuvre est également conçue en réalité virtuelle, offrant une expérience à 360 degrés plus proche de sa première version présentée dans un dôme de projection.
Cette création explore la notion architecturale de la mémoire en tant qu'archive, tout en examinant les implications des outils numériques, particulièrement dans le domaine de l'architecture.
Max Boutin, Texturologie vibratoire (de Max Boutin) & Transatlantic Visions (de Juliette Lusven)
Max Boutin présente d’abord la version actuelle de son œuvre “Texturologie Vibratoire", adaptée au contexte de Ars Electronica. L'œuvre consiste à une installation immersive composée de deux écrans (un à hauteur des yeux, l'autre au sol), d'un module haptique avec transducteur tactile recouvert de grip tape de skate, et d'un casque audio. L’ensemble de ces éléments vise à reproduire la perception kinesthésique d'une séance de pratique de skateboard. Ils font ressentir les vibrations de la perspective subjective du skateur, capturée à l'aide d'une skatecam (dispositif développé par l’artiste, consistant à une caméra GoPro installée sur un skateboard). Cette œuvre explore la notion de “texturologie”, offrant une expérience sensorielle du tissu urbain et des vibrations du sol à travers la pratique du skateboard, et les divers agencements de matérialités et de sonorités de la ville.
Ensuite, Max présente aussi l'œuvre “Transatlantic Visions” de Juliette Lusven.
Cette installation explore notre relation avec la géographie et la technologie à travers l'étude de l'infrastructure sous-marine du câblage d’Internet (réseau d’interconnectivité humaine), qui traverse les fonds de l'océan Atlantique. L'œuvre révèle les phénomènes d'invisibilité de cette matérialité en exposant ses multiples données : géologiques, géographiques, numériques et microscopiques. Composée de plusieurs écrans de tailles variées, de câbles et d'autres objets, l'installation dévoile le parcours des câbles sous-marins transatlantiques. Juliette considère cette création comme un écosystème permettant d'explorer la matérialité de notre réseau d'interconnectivité et les profondeurs marines.
Cette œuvre fait partie du projet global "Exploration 135" et a été réalisée en collaboration avec Max Boutin, Marc-André Cossette et Geotop, avec le soutien de Telegeography. Actuellement en résidence au laboratoire GeoTop en micropaléontologie, le travail de Juliette évolue vers la manipulation des technologies d'imagerie scientifique à des fins artistiques.
LIENS
Hexagram - “Imprints” https://hexagram.ca/en/hexagram-x-ars-electronica-2023-empreintes-imprints/
https://ars.electronica.art/who-owns-the-truth/en/imprints/
Ars Electronica 2023 - “Who owns the truth?” (programme complet)
https://ars.electronica.art/who-owns-the-truth/en/program/
ENTREVUES :
Marie-Eve Morissette- Marie-Ève Morissette détient une maîtrise en design environnemental, un diplôme d'études supérieures spécialisées en design d'événements de l'UQÀM, et poursuit une maîtrise en design numérique à NAD-UQAC. Sa recherche se concentre sur le concept d'interfaces dans des œuvres mobilisant la matérialité, le haptique et le son. Elle collabore avec la chaire de recherche MÉDIANE (UQÀM) et Mimesis (NAD-UQAC).
https://hexagram.ca/fr/demo26-marie-eve-morissette-on-contact/
https://ca.linkedin.com/in/marie-eve-morissette-37938937
Brice Ammar-Khodja - Artiste, designer graphique et doctorant (Université Concordia à Montréal / EnsAD à Paris). Son travail explore les liens socio-environnementaux et politiques à travers les matériaux actifs, les matières résiduelles et les basses technologies, et sa thèse se concentre sur les enjeux de la matérialité et l'information visuelle. Membre de divers groupes de recherche dont Speculative Life Research Cluster (Milieux), Centre for Sensory Studies, et Canada Excellence Research Chair in Smart, Sustainable and Resilient Communities and Cities (Concordia).
Nora Gibson - Artiste multimédia et chorégraphe, son travail se sert des outils numériques pour explorer les limites de la corporalité, de l'espace et du temps, créant des expériences immersives qui cherchent à questionner ou transcender les contraintes physiques. Poursuivant une maîtrise à l'Université Concordia, elle vise approfondir la recherche interdisciplinaire entre la danse et les médias numériques.
https://www.noragibsonvisualist.com/
Max Boutin - Artiste-chercheur multidisciplinaire, skateur et doctorant à l’UQAM, Max articule sa thèse - intitulée Exploration et transposition vibratoire de la pratique du skateboard dans la création d’une installation artistique multimédia - à travers le développement du concept de « texturologie vibratoire ». Max est aussi gestionnaire technique et gestionnaire du commissariat de l’exposition “Imprints”, à Ars Electronica 2023.
Jason Pomrenski - Directeur technique du réseau Hexagram.
https://hexagram.ca/fr/equipe-et-coordonnees/
Guillaume Pascale - Doctorant en Études et Pratiques des Arts à l’UQAM, artiste et chercheur invité à l’École Nationale de Photographie à Arles. Entre environnements physiques et numériques, son travail artistique fait dialoguer dispositifs bricolés et montages multimédias afin de proposer des fictions programmées influencés par le genre documentaire. Derrière l’avatar Err is Human, il produit une musique ambient singulière composée avec différents flux de données.
Timothy Thomasson - Artiste numérique, son travail interroge les façons dont les images en mouvement sont produites et consommées, examinant l'effet des images générées par ordinateur sur la société, la culture et la perception. Il travaille principalement avec l'animation par ordinateur et utilise les technologies graphiques en temps réel dans nombre de ses œuvres pour créer des environnements et des systèmes continuellement générateurs.
Mathieu Deblois - Artiste multimédia et designer avec un intérêt particulier pour les projets audiovisuels immersifs et interactifs explorant les intersections de l'échantillonnage temporel, des archives temporelles et de la composition spatiale. Il est actuellement en train de finaliser ses recherches créatives en cinéma volumétrique à l'École des arts numériques, de l'animation et du design (NAD-UQAC) à Montréal.
https://ca.linkedin.com/in/mathieu-deblois-54bb9415a
Philippe Racz - Artiste multimédia, Philippe Racz se forme d’abord en ingénierie électrique, ensuite en musique électroacoustique et composition moderne à l’université Concordia, à Montréal.
Autres membres du réseau aussi exposant à “Imprints” :
Marc-André Cossette
Alexandre Saunier
Paloma Leyton
Marie-Pier Boucher
Alice Jarry
Juliette Lusven
Olivia McGilchrist
Sandra Volny
Victor Drouin-Trempe
Philippe Côté
EPISODE SUMMARY
In this episode, part of the REC team travels to Linz, Austria, to cover the ‘Imprints’ exhibition held in the underground spaces of Postcity, within the Gardens section of the Ars Electronica Festival 2023, entitled "Who owns the truth?". The exhibition showcases installations, audiovisual works, performances, and virtual reality experiences created by 19 members of the Hexagram network, including students and co-researchers.
Throughout the episode, we follow Marc-André Cossette as he descends into the Postcity bunker to engage in conversations with the present artists and Max Boutin, the technical assistant director and curatorial manager of the exhibition. These discussions provide insights into the works and immerse us in the vibrant atmosphere of the festival.
Image: Empreintes sonores - Victor Drouin-Trempe (CA) & Jean-Philippe Côté (CA). Photo credit: Paloma Leyton
INTERVIEWS
Marie-Eve Morissette, ON/CONTACT
The installation ‘ON/CONTACT’ takes the form of an interactive, haptic column covered in soft, white synthetic fur. Inviting passersby to embrace it, the piece reveals, upon contact, a sonic landscape and a series of vibrational reactions. The interactivity mechanism is designed as a meeting point between humans and the object, allowing physical contact to generate pleasant sounds and sensations. The fur retains the traces and tactile memories of the hugs and embraces of the visitors, reflecting on human contact and haptic perception. The project emerged during the pandemic years, highlighting the lack of physical contact through screen interfaces and the importance of physical proximity.
Brice Ammar-Khodja, Symphony of the Stones
The installation examines soil contamination in post-industrial urban contexts in Montreal and Armenia. The project presented at Ars Electronica becomes an archive of Brice's past performances, exploring these terrains with his ‘Heavy Metal Sensing Machine’, designed to extract materials from the soil. In the exhibition space, tubes containing contaminated metals are displayed in a circle around a TV screen situated on the floor, broadcasting drone-captured videos of metal extraction sites. Each tube, equipped with a motor and LED lights, reacts to the different sequences of the video, evoking the ‘Symphony of the New World’. The sound of this reaction is captured, amplified, and responds to images of contaminated soils, whether post-Soviet in Armenia or Western capitalist in Montreal, both abandoned and open to the public.
Nora Gibson, The Dream
‘The Dream’ consists of a brain sensing headband, a series of suspended transparent screens projecting visuals, and a sound-emitting speaker. Experiencing the piece requires a spectator wearing the headband, which is a physiological sensor measuring electrical activity in their brain, connected to the rest of the installation. This device animates a particle system projected onto a series of mesh screens, reacting to brain activity with color and movement. The idea is to simply be and live in the present moment, as contemplating the artwork creates a feedback loop with oneself.
Designed as a meditative and calming experience, the work aspires to become a visual and auditory extension of the mind and body in space.
Max Boutin, on technical management and curation of ‘Imprints’
Max Boutin guides us through the process of selecting the artists from the Hexagram network, mainly student members, according to a cohabitation coherence. Together, these works offer a diverse yet cohesive overview of the network's activities, encompassing various formats such as installation, video, and performance.
Although the theme 'Who owns the truth?' (the title of the 2023 edition of the Ars Electronica festival) is not directly addressed, some works (notably ‘Empreintes Sonores’ by Victor Drouin-Tempe and Philippe Côté) reflect upon this subject.
According to Max, the curation of the exhibition evolved naturally, with 'Imprints' corresponding to several projects exploring the notion of imprint: what we leave behind, what marks us, impression as perception but also as sensible experience.
Regarding the exhibition's scenography, Max reveals the intention to highlight the materiality of digital arts, often concealed in favor of an illusion of immateriality. Cables and screens, for example, play a significant role in the exhibition, connecting each project to a central hub in the room. This hub, a small stage where Guillaume Pascale's performances take place, also represents the structure of the Hexagram network in research-creation: a common platform bringing together the circuits that power each project.
Jason Pomrenski, on the challenges putting together ‘Imprints’
Jason Pomrenski (Hexagram's technical director) engages in a detailed discussion about the achieved results and the installation process of the exhibition.
This dialogue sheds light on the technical and logistical aspects of putting together the exhibition, from the technical challenges posed by the venue (a concrete bunker at Postcity) to the issues related to the installation and shipping of the artworks. He also shares his perspective in regards to the last time Hexagram exhibited at Ars Electronica, back in 2018.
Guillaume Pascale, The Transhumants 2; Space Junkies & Partitions Itératives
Guillaume Pascale explains the two projects in which he collaborated (‘The Transhumants 2’ and ‘Space Junkies’) and his series of three performances ‘Partitions Itératives’ as part of the ‘Imprints’ exhibition.
‘The Transhumants 2’ is an installation by Guillaume Pascale and Jean Dubois, presenting a series of small screen devices displayed in the exhibition space, showcasing images of a nomadic community in the California desert. The videos, captured with a telescope lens, create an eerie effect where the foreground is blurry while the background is sharp, symbolizing the blurred perception of the present regarding the clarity of the future. The question of landscape alienation is also expressed through the ambiguity of the terrestrial location, resembling Martian imaginaries.
The video ‘Space Junkies’ (by Alice Jarry, Marie-Pier Boucher, and Guillaume Pascale) originates from a visit to an annual space congress in Paris. The artists collected various promotional items from the congress (rapid production goodies that soon after the congress would become waste), promoting alerts about terrestrial orbital pollution. The video montage uses these promotional items in connection with archive material on space junk to highlight this contradiction.
‘Partitions Itératives’ is a series of sonic performances by Guillaume, who creates live compositions from the data from other works in the exhibition (including ‘Space Junkies’, ‘Transatlantic Visions’, and ‘Symphony of the Stones’).
After the interview, we listen to a live performance of ‘Partitions Itératives’, where Guillaume manipulates in real-time the data from Juliette Lusven's work ‘Transatlantic Visions’ to create a sonic artwork.
Timothy Thomasson, Slow Track
‘Slow Track’ is an approximately 40-minute video where the camera slowly moves backwards and away from the scene, going through a series of empty and hyper-realistic 3D environments.
The work merges the conventions of slow cinema with the possibilities offered by 3D computer-generated creation, allowing the artist to achieve spatial orientations that are impossible to reproduce with a real camera. The diegetic soundscapes simulate the camera's tracking through a soundtrack that defies expectations based on the environment.
This captivating, mesmerizing video relies on building tension between what one might consider banal (slowness, empty spaces) and the expectations associated with computer-generated images (photorealism, spectacularity).
Mathieu Deblois & Philippe Racz, The Architecture of Memories
‘The Architecture of Memories’ unfolds in two parts, a video and a virtual reality (VR) experience. Initiated as a research-creation project, the work has evolved over the years through the collaboration between Deblois and Racz, relying on fragments of memories collected through various 3D digitization processes, including photogrammetry.
The 3D volumes generated from these fragments are assembled in a narrative guided by rhythmic variations of sound and the shape of memories, resulting in the video version projected in the exhibition space. Enriched with certain visual elements, the video creates an immersive film.
The work is also presented in virtual reality, offering a 360-degree experience closer to its original version, presented in a projection dome. This creation explores the architectural concept of memory as an archive, while examining the implications of digital tools used particularly in the field of architecture.
Max Boutin, Texturologie vibratoire (Max Boutin) & Transatlantic Visions (Juliette Lusven)
Max Boutin presents the current version of his work Texturologie Vibratoire’, adapted to the context of Ars Electronica.
The work is an immersive installation composed of two screens (one at eye level, the other on the ground), a haptic module with a tactile transducer covered in skateboard grip tape, and an audio headset. All these elements aim to reproduce the kinesthetic perception of a skateboarding session, making the vibrations of the skater's subjective perspective felt, captured using a skatecam (a device developed by the artist, consisting of a GoPro camera installed on a skateboard). This work explores the concept of ‘texturology’, offering a sensory experience of urban fabric and ground vibrations through skateboarding practice and the various arrangements of materialities and sounds of the city.
Next, Max also presents Juliette Lusven's work ‘Transatlantic Visions’.
This installation explores our relationship with geography and technology through the study of the underwater infrastructure of Internet cabling (understood as a network of human interconnectivity) that crosses the depths of the Atlantic Ocean. The work reveals the invisibilization phenomena of this materiality by exposing its multiple data: geological, geographical, digital, and microscopic evidence.
Composed of several screens of various sizes, cables, and other objects, the installation unveils the mapping of the Atlantic Ocean through various perspectives (satellite images, graphics, geomorphing, films augmented with magnifying glasses). Juliette considers this creation as an ecosystem allowing the exploration of the materiality of our interconnectivity network and the ocean depths.
This work is part of the global project "Exploration 135" and was created in collaboration with Max Boutin, Marc-André Cossette, and Geotop, with the support of Telegeography. Currently in residence at the GeoTop laboratory in micropaleontology, Juliette's work is evolving towards the manipulation of scientific imaging technologies for artistic purposes.
LINKS
Hexagram - "Imprints" https://hexagram.ca/en/hexagram-x-ars-electronica-2023-empreintes-imprints/
Ars Electronica 2023 - "Who owns the truth?" (complete program) https://ars.electronica.art/who-owns-the-truth/en/program/
INTERVIEWS:
Marie-Eve Morissette holds a master's degree in environmental design, a specialized graduate diploma in event design from UQÀM, and is pursuing a master's degree in digital design at NAD-UQAC. Her research focuses on the concept of interfaces in works that mobilize materiality, haptics, and sound. She collaborates with the MÉDIANE research chair (UQÀM) and Mimesis (NAD-UQAC).
https://hexagram.ca/fr/demo26-marie-eve-morissette-on-contact/
Brice Ammar-Khodja - Artist, graphic designer, and doctoral candidate (Concordia University in Montreal / EnsAD in Paris). His work explores socio-environmental and political connections through active materials, waste, and low technologies. His thesis focuses on the issues of materiality and visual information. He is a member of various research groups, including the Speculative Life Research Cluster (Milieux), Centre for Sensory Studies, and Canada Excellence Research Chair in Smart, Sustainable and Resilient Communities and Cities (Concordia).
Nora Gibson
Multimedia artist and choreographer, her work utilizes digital tools to explore the limits of corporeality, space, and time, creating immersive experiences that seek to question or transcend physical constraints. Pursuing a master's degree at Concordia University, she aims to deepen interdisciplinary research between dance and digital media. https://www.noragibsonvisualist.com/
Technical Director of the Hexagram network.
https://hexagram.ca/fr/equipe-et-coordonnees/
Multimedia artist and designer with a particular interest in immersive and interactive audiovisual projects exploring the intersections of temporal sampling, temporal archives, and spatial composition. He is currently finalizing his creative research in volumetric cinema at the School of Digital Arts, Animation, and Design (NAD-UQAC) in Montreal.
https://ca.linkedin.com/in/mathieu-deblois-54bb9415a
Multimedia artist Philippe Racz first studied electrical engineering, then electroacoustic music and modern composition at Concordia University in Montreal.
Other members of the network also exhibiting at ‘Imprints’:
Marc-André Cossette
Alexandre Saunier
Paloma Leyton
Marie-Pier Boucher
Alice Jarry
Juliette Lusven
Olivia McGilchrist
Sandra Volny
Victor Drouin-Trempe
Philippe Côté